Chamanisme
Le chamanisme est un voyage constant vers l’intérieur de soi-même et vers des états de conscience alternatifs. Parfois, une simple randonnée dans la forêt ou le fait de regarder un pré suffisent pour accéder à la sagesse intérieure ou à une conscience élargie et plus profonde. Il existe également d’autres méthodes – la méditation, les tam-tams, la danse, les rituels, les transes, qui nous permettent tous d’entrer dans un état de conscience et de ressenti alternatif, afin de retrouver sa force intérieure, sa vision, ou encore de trouver des réponses à des questions importantes. Ces méthodes peuvent nous aider à entrer en contact avec notre propre corps et notre cœur, à écouter ce qu’ils ont à nous communiquer.
Le chaman aide les gens à entrer dans ces états de conscience, grâce à quoi, ils peuvent s’ouvrir à l’auto-guérison. Les gens s’ouvrent, ils ouvrent leur cœur, entrent en communication avec leur âme. La guérison au niveau du cœur et de l’esprit conduit à la guérison corporelle. Cette guérison permet à tout un chacun de se libérer des codes et modèles qu’il avait acceptés et qui, en réalité, ne sont pas les siens, ce qui empêche son épanouissement personnel. L’homme se libère de tout ce qu’il n’est pas et il peut redevenir lui-même. Tel est le chemin vers soi-même.
Le chamanisme est un voyage vers d’autres dimensions de la réalité. C’est un contact avec nos propres rêves qui contiennent un ensemble infini de réponses aux questions que nous considérons être les plus importantes. C’est le travail avec les histoires, les contes, les mythes que nous inventons chaque jour, depuis notre plus petite enfance jusqu’à la mort et qui comprennent de nombreux indices nous permettant de vivre mieux, de manière plus créative, plus joyeuse et plus généreuse. C’est un travail avec notre « ombre », cette face de nous-mêmes dont nous avons peur, et notre « lumière », c’est-à-dire ce en quoi nous croyons et ce que nous désirons. C’est l’intégration de plusieurs aspects de nous-mêmes, afin de pouvoir vivre mieux et mieux partager sa personne avec les autres, et de pouvoir donner au monde quelque chose qui ait de la valeur.
Les chamans sont souvent des guérisseurs et ils ont une perspective différente sur les maladies et la santé. La maladie peut en fait être un signal envoyé par l’esprit de la personne pour qu’elle change quelque chose dans sa vie. Il peut s’agir d’un message sur le besoin d’une transformation intérieure et d’un retour vers la vie en accord avec les objectifs de notre âme. C’est pour ça que la maladie peut être accueillie de manière positive, comme un indice pour la personne concernant la manière dont elle devrait vivre, ce qui est véritablement important et ce qu’il faudrait changer. Le chaman peut permettre à tout un chacun de pénétrer au plus profond de sa personne, d’essayer de décoder ce message, et de s’ouvrir au processus de transformation et d’auto-guérison.
Le chamanisme est le souvenir de nos aïeux, c’est-à-dire une conscience profonde de nos racines, de notre origine, de notre tradition et de notre culture. C’est le fait de faire appel à un savoir ancien, à la sagesse du passé, de puiser dans les coutumes et les rituels de nos ancêtres, de savoir estimer à leur juste valeur les traditions et les usages autochtones. Les chamans actuels sont conscients de leurs racines et en même temps très ouverts sur les autres traditions, cultures et coutumes. Ils ont un grand respect pour les personnes qui étaient là avant nous et grâce auxquelles nous sommes ce que nous sommes. Ils constituent souvent des intermédiaires entre les anciennes et les nouvelles sagesses, capables de nous enseigner des vérités anciennes qui restent cependant d’actualité et peuvent être adaptées à la réalité de notre temps.
Le chamanisme peut s’avérer être une réponse pour les personnes perdues dans le monde civilisé qui est rempli de règles strictes, de plans, de structures et de tentatives de contrôler la vie. Le chamanisme nous ouvre sur notre véritable nature qui est plus folle et plus débridée que nous ne le pensons. La nature et la météo sont sauvages et imprévisibles et de la même manière, l’homme est, par sa nature même, plus spontané et plus sauvage qu’il ne l’est au jour le jour. Dans la nature, il y a de « petits » et de « gros » événements : le soleil brille, un vent violent souffle, un orage approche, un tremblement de terre se produit, des volcans entrent en éruption, il y a une sécheresse, une pluie inattendue qui tombe sur nos têtes, les animaux qui chassent et se reproduisent… Telle est également la nature des hommes ; nous sommes en mouvement perpétuel, nous sommes imprévisibles, changeants, parfois en colère, parfois calmes, etc.
La nature nous montre quelques lois qui la régissent, comme les jours et les nuits qui se suivent, les saisons de l’année, les cycles de vie des animaux, la mort… Cela nous permet de découvrir également les cycles récurrents de notre vie, certaines vérités que nous ne pouvons pas fuir et que nous devons accepter avec humilité et ouverture d’esprit. Le fait de faire l’expérience d’une pluie printanière sur sa propre peau peut nous ouvrir à notre fragilité, le bruit d’une chute d’eau à notre sauvagerie, et la finitude de toute la nature peut nous préparer à notre propre trépas, nous apprendre à nous réjouir et profiter de la vie. Nous acceptons de plus en plus facilement les facettes de notre nature, la richesse qui se cache dans chaque étape de notre vie (l’enfance, la jeunesse, la maturité, la vieillesse…), notre caractère changeant qui peut nous surprendre et nous réjouir. Au lieu d’essayer de contrôler notre existence, nous dansons la danse de la vie, ayant confiance dans le fait qu’il arrivera ce qui nous arrivera et ce qui est le meilleur pour nous à un moment donné. La richesse de la nature a pour nous de nombreux dons, il suffit de s’ouvrir à elle.
Le chamanisme, c’est également une forme de normalité. C’est la conscience que si je veux manger, je dois d’abord donner à manger à ma chèvre, ensuite la traire, et la veille, cuire un pain en utilisant le blé que j’aurai d’abord semé, cultivé et récolté. Si je veux déjeuner avec ma famille, alors je dois d’abord veiller sur mes proches, cultiver les relations, être là avec les gens et pour les gens. La vie ordinaire, les actions ordinaires. Et je ressens une grande reconnaissance pour cette chèvre, pour ce blé, pour le feu dans ma cheminée, pour les gens qui m’entourent. La reconnaissance envers la planète Terre et envers toute sa beauté et tous les fruits dont elle me nourrit. Si quelqu’un d’autre a trait cette vache ou cette chèvre pour moi ou s’il a cuit le pain et chauffé ma maison, alors je ressens encore plus de reconnaissance pour toutes ces choses. Et si le monde m’a donné du pain, du lait et du miel, alors que vais-je lui donner en retour?