La transformation de l’homme dans notre culture
Développement de l’homme dans notre culture
» Dans notre culture, en l’absence de modèles paternels adéquats, je veux dire par là de figures paternelles compréhensives et affectueuses, les hommes, au lieu de se développer positivement en rapport avec la sensibilité paternelle, se développent négativement contre l’image maternelle. Ils procèdent ainsi pour ne pas être assimilés aux femmes. En rejetant les femmes et leur propre sensibilité féminine, les hommes ont construit un monde où domine la sécheresse. Il n’y a qu’à regarder nos agendas pour s’en convaincre : pas de temps à perdre, pas de temps pour flâner, faire l’amour, poétiser. Nous nous retrouvons tous à la table du roi Pêcheur qui, dans la légende du Graal, règne sur un royaume. » (a, p61) » La crise économique et le chômage sont en train d’achever l’œuvre de remise en question que les femmes ont commencée. Combien d’hommes dépouillés de leur carrière et de leur métier sentent qu’ils ne servent plus à rien, au point que certains en arrivent à envisager le suicide ? Combien d’autres se sentent humiliés de ne plus être les principaux pourvoyeurs d’argent à la maison ? Jusqu’aux comportements troubles par rapport à la sexualité […] Au fond, c’est la question de l’éros et de la valeur accordée au féminin dans notre société qui est au cœur de cette histoire. «
Le patriarcat n’a pas seulement opprimé les femmes
» Le patriarcat n’a pas seulement opprimé les femmes, il a aussi aliéné les hommes d’une large partie d’eux-mêmes en leur proposant un prototype de mâle héroïque et dur, qui ne communique pas ce qu’il ressent. Si bien que nombre de femmes croient que les hommes sont incapables d’éprouver le moindre sentiment et que leur compétence est nulle en matière d’organisation familiale et d’éducation des enfants. Ce qui correspond à l’inverse du parti pris masculin qui voudrait que les femmes ne puissent pas penser. » (b, p27)
Intégration des valeurs associées au féminin
» Les hommes qui bénéficient le plus de la crise sont ceux qui se mettent à intégrer les valeurs associées au féminin : écoute, réceptivité, souplesse, fidélité, authenticité, accueil, attention à la vie … Il ne s’agit pas ici d’imiter les femmes mais plutôt d’oser incarner les valeurs qu’elles stimulent en nous et qui sont humaines avant d’être féminines. Ca ne donnera ni des hommes roses ni des hommes gris ni des hommes en noir, ça va donner des hommes de cœur. » (a, p63)
Réalité d’un homme multi-dimensionnel
» Nous allons vivre de plus en plus avec la réalité d’un homme multidimensionnel dans sa façon de vivre sa vie et sa carrière hors de la linéarité temporelle des générations précédentes ; mais aussi au niveau psychologique. Dans le parlement psychique, toutes les voix ont désormais droit au chapitre. La conscience doit s’assouplir et apprendre à entrer en relation avec toutes les parties de l’être. »
Nul ne peut éviter la souffrance
» Nul ne peut éviter la souffrance et nous pouvons même la saluer, car elle nous confronte aux questions essentielles de l’existence. Elle constitue sans doute un facteur fondamental de la vie puisque personne n’y échappe. C’est l’aiguillon qui tire les êtres vers une attitude juste. Elle éveille tout autant qu’elle détruit et, devant une telle perspective, il devient mesquin d’accuser les parents de la souffrance de leurs enfants ou à l’inverse d’accuser les enfants de la souffrance de leurs parents. Les êtres ont tellement besoin de la souffrance pour grandir qu’il devient même parfois malsain que des parents essaient de l’épargner à leurs enfants. » (b, p67)
Guy Corneau, dossier hommes, psychologies magazine, décembre 1998